Édifié pour commémorer la victoire des Portugais sur les Castillans à la bataille d’Aljubarrota en 1385, le monastère des dominicains de Batalha fut pendant deux siècles le principal chantier de la monarchie portugaise, théâtre de l’épanouissement d’un style gothique national, original et profondément marqué par l’art manuélin.
Paru aux éditions Textiverso dans la collection « Portugalia Sacra », l’ouvrage (bilingue français portugais) de Jean-Marie Guillouët se consacre à l’étude de la sculpture du portail principal du couvent.
Titre complet : O portal de Santa Maria da Vitória da Batalha e a arte europeia do seu tempo: Circulação dos artistas e das formas na Europa gótica / Le portail de Santa Maria da Vitória de Batalha et l’art européen de son temps: Circulations des artistes et des formes dans l’Europe gothique
Auteur : Jean-Marie Guillouët
Collection : PORTUGALIA SACRA, 1
ISBN: 978-989-8044-50-1
Nº de pages: 256
Prix: 30 euros (Portugal); 39 euro + frais/shipping cost (Europe out Portugal)
Mot de l’éditeur
Le portail principal du couvent dominicain de Batalha a longtemps constitué une énigme au sein du panorama monumental portugais de la fin du Moyen Âge. Aucun antécédent, aucun exemple antérieur ne paraît avoir préparé cet ensemble sculptural d’une telle nouveauté, tant iconographiquement que stylistiquement. Les historiens de l’art portugais se sont heurtés, depuis la fin du XVIIIe siècle, au caractère exogène de cette rupture dans le développement artistique du royaume lusitanien sans parvenir à lui assigner une source assurée. Pourtant, un regard attentif aux dispositions architecturales du monument et une analyse précise de la statuaire de ce portail permettent de proposer de nouvelles hypothèses quant à la chronologie des travaux, la nature du programme iconographique ou la provenance des ateliers du chantier. L’arrivée du mystérieux maître Huguet, qui prend la suite du maître d’œuvre Afonso Domingues, est marquée par un renouvellement profond des intervenants de ces travaux et, consécutivement, des formes et des techniques employées. Ce sont les sculptures du portail de l’église de Castelló d’Empúries en Catalogne, réalisées entre 1406 et 1410 sous la direction du picard Pere de Santjoan (Pierre de Saint-Jean), qui doivent être en premier lieu stylistiquement rapprochées de la statuaire batalhinaise. Le système de couvrement tout à fait spécifique de la salle du chapitre de Batalha prend d’ailleurs directement modèle sur les « bovedas estrelladas » catalanes dont la genèse et le développement en Europe peuvent être suivis entre le milieu du XIVe siècle et le milieu du siècle suivant de Perpignan à Naples. Derrière l’ascendance catalane, se perçoit cependant le poids d’une formation plus septentrionale des sculpteurs de Santa Maria da Vitória qui paraissent avoir connu les travaux de la tour sud de la cathédrale de Rouen et surtout les réalisations d’André Beauneveu pour la Sainte-Chapelle de Bourges ou le château de Mehun-sur-Yèvre.
Le parcours ainsi reconstitué de ces ateliers de sculpteurs, de formation – sinon d’origine – normande ou picarde, ayant été en contact avec les travaux français les plus illustres de la fin du XIVe siècle puis actifs en Catalogne et dans le Levant péninsulaire dans la première décennie du siècle suivant avant d’œuvrer, dans le second quart du XVe siècle, au portail de Batalha, permet de percevoir l’ampleur et la richesse des échanges artistiques dans l’Europe de la fin du Moyen Âge.
Ce fût justement à la reconstitution de ce parcours que Jean-Marie Guillouët a dédié, patiemment, cette étude pionnier, en établant, indubitablement, un nouveau tablier, et haut, dans la connaissance de l’iconographie du couvent dominicain de Batalha, au Portugal.
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