Rares sont les tableaux de Juan Bautista Maino sur le marché. Les Larmes de saint Pierre récemment acquis par le Musée du Louvre était sans conteste la plus importante toile de l’artiste toujours en mains privées.
Peinte vers 1612, au retour d’un séjour à Rome où Maino put connaître l’art de Caravage, la toile était destiné au couvent dominicain San Pedro Martir de Tolède dans lequel Palomino puis Ponz la décrivent à droite du maître autel. Celui-ci, également exécuté par Maino -son chef d’œuvre !- est aujourd’hui conservé démantelé au musée du Prado.
Dans le catalogue de la récente exposition consacrée à l’artiste, José Milicua proposait de voir dans le Saint Pierre un travail que Maino aurait effectué en vue de démontrer son talent et d’emporter le marché du retable des Quatre Pâques. Le souvenir de Caravage est encore vif comme semble en témoigner la formule des jambes croisées reprise de la première version du Saint Matthieu et l’ange peinte par Caravage pour la chapelle Contarelli de Saint-Louis-des-Français à Rome (l’œuvre appartenant au musée de Berlin a disparu lors des bombardements de 1945). Invention en revanche propre à Maino et que reprendra Luis Tristan à deux reprises (Poznan, musée ; Madrid, Palacio Real) : ces larges mains serrées l’une dans l’autre qui prolongent l’attitude prostrée et mélancolique du premier apôtre au moment où le chant du coq lui rappelle sa trahison.
Cette acquisition vient ainsi renforcer la présence des caravagesques espagnols au Louvre, en compagnie de Tristan et Ribera.
Bientôt dans vos salles …
Guillaume Kientz
A quand sur les cimaises. Les amoureux du Louvre s’impatientent…
Le temps de la restauration … patience !