Saint Vincent Ferrier en prédicateur
Piémont, vers 1470-1480
Panneau peint sur bois de noyer
Ancienne collection Giulo Sambon, Milan, jusqu’en 1885 ; Acquis en 2010
H.106 cm; L.41,50 cm ; inv . Cl. 23878
Le musée de Cluny vient d’augmenter sa collection d’un panneau polychrome du XVe siècle dont le portraituré est d’origine espagnole et dont l’auteur est connu pour son itinérance au delà des Pyrénées.
Canonisé dès 1455, le dominicain Vincent Ferrier, originaire de Valence (Espagne) est représenté en train d’haranguer les fidèles. Ses prédications, sa faculté à mobiliser les foules et à convertir les Infidèles ont en effet marqué les hommes de son temps.
L’oeuvre est due à Antoine de Lonhy, alias le Maître des Heures de Saluces, ou le « Maître de la Trinitéde Turin », un peintre représentatif du mouvement migratoire de la fin du Moyen Age qui amène les artistes septentrionaux à exercer leur art dans des foyers situés plus au sud. Antoine de Lonhy a en effet commencé à Autun ( Bourgogne), vers 1446 ; il a travaillé à Toulouse et Barcelone (1460-1462), avant de s’installer, dès 1462, dans le Piémont. Lors de son passage à Barcelone, il a répondu à une commande des Augustins pour leur couvent de la Domus Dei de Miralles et peint un polyptyque que conserve désormais le musée national d’art de Catalogne. Il a également réalisé les vitraux (ou les cartons) de la rose occidentale de l’église paroissiale Santa Maria del Mar de la ville et, d’après un contrat conservé, a fourni des cartons au brodeur Sadurni.
Bien qu’une grande partie de sa carrière se soit déroulée dans des terres méridionales, le peintre est resté attaché aux traditions flamandes. Le décor flamboyant de la chaire appartient aux références gothiques et nordiques, de même que son parti à intégrer les personnages dans un espace creusé et modelé par la lumière. Seul, le fonds doré et estampé de feuillages et de fleurs en relief est un emprunt à l’art de la péninsule ibérique. Par aillleurs, le corps aux formes solides enveloppé d’épais vêtements, le regard voilé et mélancolique, les doigts courts définissent bien la manière du peintre.
Le panneau provient d’un polyptyque que l’observation des motifs de fond et quelques oeuvres connues permettent de reconstituer en partie. Pour pendant, il avait un Saint Dominique (Turin, Galeria Sabauda), tandis qu’une Dormition de la Vierge (ancienne collection du comte Balbo Bartone, de nos jours introuvable) occupait l’un des panneaux centraux. Il est beaucoup moins assuré que le Saint Antoine et une donatrice (collection suisse) lui ait été associé. Il a été suggéré que le retable ait à l’origine orné l’église des Dominicains de Turin.
Sophie lagabrielle
Conservateur en chef
Musée de Cluny – Musée du Moyen Age
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