CATALUÑA 1400 el Gótico international

imagesA ne pas manquer cette passionante exposition organisée  au MNAC de Barcelone jusqu’au 15 juillet. L’étude de cette période si attachante du Gothique International en Catalogne est réalisée à partir de  quarante-huit pièces appartenant à toutes les techniques : peinture, enluminure, sculpture, broderie et orfèvrerie.

Dans son introduction au catalogue Rafael Cornudella, le commissaire de l’exposition,  précise parfaitement l’originalité de la production catalane à cette époque en  soulignant l‘importance du retable :  « sur ce support les peintres et sculpteurs catalans explorèrent et modulèrent, avec une indéniable originalité les possibilités d’un langage artistique, celui du « gothique international » qui établissait une singulière rencontre, aussi problématique qu’attractive, entre cadence linéaire et plasticité, esquisse et observation naturaliste, description et stylisation, réalité et fantaisie, élégance et expression . »

Le choix assez restreint, mais judicieux, des œuvres n’appartenant généralement pas aux collections du musée incite à un dialogue avec les peintures et les sculptures de cette époque visibles dans les salles  permanentes du musée et à la cathédrale.

 

Il faut citer en premier lieu un retable de Lluís Borrassa parfaitement conservé, celui de  La Vierge et saint George, exécuté vers 1390-1400 pour l’église des frères mineurs de Vilafranca del Penedes. Le saint titulaire,  élégamment vêtu comme un jeune damoiseau , donne le ton courtois à l’ensemble de l’œuvre. Il est accompagné de trois panneaux, provenant du retable de Saint Pierre de Terrassa, dont la scène de la Vocation de saint Pierre, est célèbre pour sa représentation bi-dimensionelle du lac du Jourdain. Une hypothèse de la reconstitution du retable réalisée par Santiago Alcolea Blanch donne une idée de cet assemblage monumental  (5m. de haut sur 2,50 m. de large environ).

 

Un témoignage des retables mixtes, sculpture et peinture, nous est  offert avec  le Saint Pierre (Barcelone, Musée Mares) de Pere de Sant Joan, figure centrale en ronde bosse du grand retable de l’église de Cubells, accompagnée de  l’un des panneaux peints, le Quo vadis de Pere Serra(Murcie, coll. part.)

 

Tous les peintres importants de cette époque sont représentés par une ou plusieurs  œuvres : Ramón de Mur, par une très précieuse Vierge à l’Enfant entourée d’anges musiciens d’une collection particulière, Pere Teixidor par la Cène du musée de Solsona,  de Guerau Gener a été retenu pour sa participation au retable du maître autel de l’église du monastère de Santas Creus. De Joan Mates, le plus fougueux de ces maîtres, ont été réunis les deux retables provenant de l’ermitage de Santa Maria de Peñafiel : l’un consacré à Saint Michel, acquis en 2010 par le MNAC, et l’autre à Sainte Lucie d’une collection particulière. Une récente attribution  au maître a été également présentée, le panneau central de la cathédrale de Huesca , les saints Pierre et Paul, qui n’a pas la qualité et l’originalité du panneau des Deux Saints Jean (Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza) que nous aurions souhaité revoir à Barcelone .

 

De Bernat Martorell trois retables ont été choisis pour insister sans doute sur les qualités exceptionnalles de cet artiste conteur, dessinateur et coloriste. Les quatre panneaux latéraux illustrant des scènes du martyre de saint Georges ont été prétés par le Louvre. Ils revenaient pour la première fois à Barcelone, non loin de la chapelle San Jorge du Palau de la Generalidad pour laquelle ils ont été peints. On regrette l’absence du panneau central du retable, le Saint George et la princesse, conservé à l’Art Institut de Chicago ainsi que celui de la Vierge entourée des vertus cardinales (Philadelphia Museum of Art), un éventuel candidat pour couronner le retable.  Cette dernière peinture n’a pas été reproduite dans le catalogue, c’est sans doute que Guillaume Kientz, l’auteur de la notice (par ailleurs remarquable) n’y croit pas. Conservés encore dans la chapelle palatiale la dalmatique et  le devant d’autel brodé, représentant la scène de saint George délivrant la princesse, ont été prêtés. Et l’élégant Retable de sainte Lucie, également démantelé entre deux collections particulières et le MNAC, n’a pu être reconstitué mais il a retrouvé vraisemblablement sa prédelle conservée à la cathédrale. Le troisième retable de Martorell présenté, celui de Saint Michel, est complet ; il associe scènes violentes à des épisodes très poétiques consacrés aux archanges Gabriel et Raphaël tel que celui de Tobie et l’ange.

 

Ces retables  sont accompagnés  du très précieux Psautier et Livre d’heures (Archives Historiques de Barcelone) enluminé par Martorell. Il a étéouvert à la page de l’Annonciation, unchef d’œuvre de raffinement et d’invention.

La section des enluminures, plus restreinte, propose six pièces bien choisies, en particulier le célèbre Missel de sainte Eulalie avec plusieurs pages dues à Raphaël Destorrents telles que le célèbre Jugement Dernier etles deux pages d’un missel démembré avec un Saint Georges (Madrid, Fondation Lázaro).

Nous ne pouvons citer ici toutes les pièces présentées. Laissons aux futurs visiteurs le plaisir de les découvrir et remercions les auteurs du catalogue pour leur remarquable travail.

 

Claudie Ressort

 

CATALUÑA 1400  el Gótico international

Museu Nacional d’Art de Catalunya

29 mars – 15 juillet 2012

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