Francisco de Zurbarán (Fuente de Cantos, 1598- Madrid, 1664)
La Fuite en Egypte
Huile sur toile, 150 x159 cm, ca 1630-1640
Seattle (WA), Seattle Art Museum
Grâce au judicieux et original système du “fractional gift” [qui permet aux donateurs d’œuvres d’art à une institution muséale de bénéficier de déductions fiscales], deux belles toiles de maîtres européens du XVIIème siècle ont rejoint fin décembre les collections du Seattle Art Museum. Il s’agit d’une Visitation de Philippe de Champaigne et d’une Fuite en Egypte de Francisco de Zurbarán que nous avions publiée en 1998, peu après sa découverte dans une collection parisienne[1]. Leur propriétaire, le collectionneur Barney A. Ebsworth, qui siège au conseil d’administration du musée, pourra en retrouver la jouissance, s’il le souhaite, une partie de l’année.
Quoique récemment redécouverte, la Fuite en Egypte de Zurbarán, longuement analysée dans notre catalogue raisonné et critique de l’œuvre de l’artiste[2], jouit d’un grand succès après sa création, au début du séjour sévillan du peintre d’Estrémadure lorsqu’il s’impose dans la capitale andalouse comme le meilleur et le plus sollicité des peintres monastiques. Comme toujours le peintre crée une scène profondément vraisemblable, inspirée de modèles réels, où l’impression poétique et spirituelle est rendue par le simple jeu des gestes et des regards entre les trois personnages. La scène occupe totalement l’espace, la texture et les vifs coloris des matières est particulièrement bien rendue, avec les gros plis caractéristiques de cette première manière. Enfin le « portrait » de l’âne montre les prodigieuses qualités de peintre animalier de Zurbarán.
Le tableau, déjà connu par plusieurs copies (Fig. 1), se trouvait certainement au Pérou au XVIII ème siècle où il fut reproduit en 1767 par un peintre local, Joaquin Urrea (Fig. 2). La première version connue, plus petite et avec de nombreuses variantes (Fig. 3), fut publiée par Diego Angulo en 1954 comme Zurbarán, mais revient à un excellent assistant de Zurbarán qui participe à l’œuvre du maître entre 1630 et 1640. Nous avons attribué à ce peintre, nommé conventionnellement le « Maître de Besançon »dans notre catalogue, un ensemble cohérent de 27 tableaux.[3]
Odile Delenda
3 janvier 2012
Fig. 1: Copie d’atelier, La Fuite en Egypte, Oxford, Ashmolean Museum. Oxford, Ashmolean Museum |
Fig. 2: Joaquín Urreta, 1767, La Fuite en Egypte, Couvent de los Desclazos, Lima |
Fig. 3:Maître de Besançon, La Fuite en Egypte,Besançon, Musée des Beaux Arts |
[1] DELENDA (Odile), cat. exp. Zurbarán, Séville, Museo de Bellas Artes, 1998, no 51, pp.168-169, repr.
[2] DELENDA (Odile)/WILDENSTEIN INSTITUTE, Francisco de Zurbarán, 1598-1664. Catálogo razonado y crítico. Volumen I, Madrid, 2009, no I-45.
[3] DELENDA (Odile)/WILDENSTEIN INSTITUTE, Zurbarán. Los conjuntos y el obrador. Volumen II, Madrid, 2010, pp. 298-300.
Bonjour Madame,
je me propose d’écrire un article (ou plus?)sur la peinture espagnole au MBAB de Besançon
J’ ai lu avec intérêt dans Afición l’article consacré à la Fuite en Egypte de Zurbaran et l’évocation du « Maître de Besançon ». J’aimerais en savoir plus sur cet artiste et éventuellement des recommandations bibliographiques.
Avec mes remerciements
Martine Guillemin