Ce colloque va nous permettre d’insister sur la pluridisciplinarité de ce projet car il regroupe des hispanistes spécialistes de domaines parfois fort différents (littéraires sur les trois genres, spécialistes de l’iconographie (peinture, photo), du cinéma, des historiens et des civilisationnistes). Des enseignants-chercheurs qui travaillent donc sur des aires géographiques et des périodes très diverses les unes des autres (Espagne et Amérique latine, époques classique, moderne et contemporaine). Les neuf membres du LISAA qui participent à ce colloque sont regroupés au sein de l’équipe interne EMHIS. Par ailleurs des universitaires provenant de 9 universités différentes participent également à ce projet. Enfin, les langues ici l’espagnol ne sont pas uniquement un outil de communication mais aussi un vecteur très important de culture et de connaissance des « territoires » par la littérature (poésie, théâtre, roman), par l’histoire et la civilisation.
« Le visible et l’invisible dans le monde hispanique et hispano-américain »
par Henry Gil, EMHIS (équipe interne du LISAA)
L’équipe EMHIS, rattachée au LISAA de l’Université de Marne-la-Vallée, organisera, pour la rentrée prochaine, le colloque « Le visible et l’invisible dans le monde hispanique et hispano-américain » qui se tiendra sur deux jours et demi, les jeudi 1, vendredi 2, et le matin du samedi 3 décembre 2011.
La perspective d’ensemble dans laquelle pourraient s’inscrire nos activités et réflexions inviterait à examiner la question du visible et de l’invisible dans le monde hispanique et hispano-américain. En partant du concept d’image au sens large dans les arts du discours (poésie, théâtre, récit, essai, discours politique), dans les arts visuels (peinture, dessin, photo, cinéma) et dans les medias (presse, télévision), nous nous proposerions d’interroger et donc, dans bien des cas, de réévaluer cette question phénoménologique. Comment se manifestent dans le monde hispanique et hispano-américain ces concepts de visible et d’invisible à travers les diverses « images » ou représentations de la réalité qu’il nous propose ? Quels sont les jeux divers et complexes, voire subtils, qui peuvent s’articuler entre ces deux concepts ? Précisons que l’invisible ne suppose pas forcément une connotation métaphysique, car il doit s’entendre avant tout au sens littéral comme un non-visible, comme « ce qui échappe à la vue ». Cependant, il conviendrait de se demander si l’image, qui appartient a priori au domaine du visible, ne suppose pas, toujours plus ou moins, la prise en compte d’une certaine part d’invisible, présente y compris dans celles qui relèvent des arts visuels. Ne serait-ce, pour ces dernières, que métonymiquement par certains cadrages picturaux ou photographiques ou par quelques découpages filmiques en plans et en séquences qui supposent la contiguïté de lieux et d’actions forcément non visibles, car non proposés à la vue, mais toujours implicites et significatifs. Nous pourrions ainsi être amenés à explorer, grâce à certaines « images », des « angles morts » qui, s’ils échappent à ce qui est apparent n’en sont pas moins présents au sein du réel ou de ce qui est tenu pour tel. Un réel qui, dans son essence, est, en fait, paradoxalement invisible —du moins pour une bonne part — et dont nous ne pourrions saisir alors que des représentations plus ou moins riches de sens. Ces interrogations semblent, en partie, recouper les travaux de certains philosophes contemporains sur la phénoménologie. Ceux de Maurice Merleau-Ponty, dans Le visible et l’invisible, dont l’approche pourrait, dans certains cas, nous aider à mieux cerner les divers sens possibles que l’on peut donner au « visible » et à l’ « invisible ». Ainsi pourrait-on comprendre, par exemple, que l’ « invisible » peut aussi — lorsqu’il est dû aux « aspects cachés ou inactuels de la chose » — se concevoir, comme un « visible » possible pour un autre. Mais, on peut également se référer au livre de Michel Henry, Voir l’invisible. Sur Kandinski, où, étudiant la peinture abstraite, le philosophe comprend qu’il ne s’agit plus pour celle-ci de représenter le monde des objets, mais de faire voir notre vie intérieure, autrement dit, selon lui, de « montrer l’invisible ».
Le titre « Le visible et l’invisible dans le monde hispanique et hispano-américain » mettra en lumière les deux principaux axes de réflexion sur une aire géographique et culturelle spécifique, mais vaste et variée qui est celle de l’hispanité à travers des domaines touchant aussi bien à la littérature, à la civilisation qu’aux arts visuels. Deux axes interdépendants constituant une problématique, où — quel que soit le mode d’expression et de représentation choisi comme sujet d’études par un intervenant — peuvent se jouer de manière indépendante ou simultanée un problème esthétique (comment rendre artistiquement de façon plus juste et plus complexe un réel qui, de toute façon, ne sera jamais totalement connaissable ?), un problème éthique (comment ne pas ignorer ce qui, parce qu’il n’est pas apparent, devrait être considéré comme inexistant ?), voire, dans certains cas, un problème ontologique (comment traduire l’expérience d’un non-visible qui exprimerait, néanmoins et contre toute apparence, notre appartenance à un « lieu hors de tout lieu »). Des orientations convergentes ou divergentes, toutes destinées — en prenant pour objet les diverses « images » du lire, du voir et du savoir— à montrer la richesse et la complexité de ces divers modes de représentation au sein de l’hispanité.
Colloque international
1, 2 et 3 décembre 2011
Université Paris Est Marne-la-Vallée
Centre de recherche LIttératures SAvoirs et Arts
Equipe interne EMHIS
- Christine Delfour : xdelfour@gmail.com (Histoire, civilisation, presse)
- Henry Gil, henry.gil2@wanadoo.fr (Littérature, iconographie)
- Claudie Terrasson, c-terrasson@club-internet (Littérature, iconographie)
Le visible et l’invisible dans le monde hispanique et hispano-américain
Auditorium du bâtiment Copernic
Université Paris-Est Marne-la-Vallée
Coordination : henry.gil@univ-mlv.fr
Programme
JEUDI 1ER DECEMBRE
9h : Ouverture du colloque, par Francis Godard (Président de l’Université Paris Est Marne-la-Vallée)
9h15 : Présentation : Henry Gil (Université Paris Est Marne-la-Vallée)
Modérateur : Paul-Henri Giraud (Université de Lille 3)
La peinture :
- 9h30-10h : Edgar Samper (Université de Saint-Étienne) : « Deux représentations de la vision de Saint Jean à Patmos : Le Gréco (1580-1585) et Vélasquez (1610) ».
- 10h-10h30 : Monique Plâa (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « Visibilité à l’esquive et invisibilité en latence pour un soldat de la reddition de Breda ».
Discussion-pause (30 mn)
- 11h-11h30 : Lina Iglesias (Université Paris X Nanterre) : « Les vanités de Miquel Barceló : entre visible et invisible ».
- 11h30-12h : Nancy Berthier (Université Paris IV-Sorbonne) : « Carmen Calvo ou l’insoutenable invisibilité de l’être ».
Discussion-pause (30 mn)
Modérateur : Monique Plâa (Université de Paris Est Marne-la-Vallée)
La photograhie
- 14h30-15h : Paul-Henri Giraud (Université de Lille 3) : « Pruebas de lo invisible : sur quelques photographies de Manuel Álvarez Bravo ».
- 15h-15h30 : Graciela Villanueva (Université Paris 12) : « La dialéctica de lo visible en las fotografías de los desaparecidos argentinos ».
Discussion-pause (30 mn)
Le cinéma
- 16h-16h30 : Marianne Bloch-Robin (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « Invisible et indicible dans Cría cuervos de Carlos Saura ».
Discussion-fin de la première séance
VENDREDI 2 DECEMBRE
Modérateur : Marie-Claire Zimmermann (Université de Paris-IV Sorbonne)
Le théâtre
- 9h -9h30 : Henry Gil (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « Stratégies, fonctions et significations des espaces invisibles dans La casa de Bernarda Alba ».
- 9h30-10h : Marie-Blanche Requejo (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « Les voix de l’âme ou l’expression d’une conscience invisible dans la Celestina » .
Discussion-pause (30 mn)
Le roman
- 10h30-11h : Sadi Lakhdari (Université Paris IV-Sorbonne) : « Le visible et l’invisible dans Ángel Guerra de Benito Pérez Galdós ».
- 11h-11h30 : Annick Allaigre (Université Paris 8) : « Valentín de Juan Gil-Albert, une écriture de la lucidité ».
- 11h30-12h : Norah Dei Cas Giraldi (Université de Lille 3) : « Le sujet migrant, ce que les images veulent et peuvent dire ».
Discussion-pause (30 mn)
Modérateur : Henry Gil (Université de Paris Est Marne-la-Vallée)
La poésie
- 14h30-15h : Marie-Claire Zimmermann (Université Paris IV-Sorbonne) : « De l’œil de chair à l’œil intérieur : création et réception de l’image poétique ».
- 15h-15h30 : Bénédicte Mathios (Université de Clermont-Ferrand) : « Le blanc en poésie, invisible illisible ou espace de réception de la métaphore ».
Discussion-pause (30mn)
- 16h-16h30 : Claudie Terrasson (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « Éloge de l’invisible dans le dialogue Chillida/Valente ».
- 16h30-17h : Ina Salazar (Université de Caen) : « Du visible à l’invisible : l’écriture de la lumière dans l’œuvre poétique de Blanca Varela ».
Discussion-fin de la deuxième séance
SAMEDI 3 DECEMBRE
Modérateur : Norah Dei Cas Giraldi (Université de Lille 3)
Les représentations culturelles et sociétales
- 9h-9h30 : Perla Petrich (Université Paris 8) : « L’accès à l’invisible à travers les récits mayas (Guatemala et Mexique) ».
- 9h30-10h : Fabrice Quero (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « Le visible saturé du tratado llamado leche de la fe del príncipe christiano de Luis de Maluenda (1545) : enjeux et limites du discours imagé en matière de spiritualité ».
Discussion-pause (30 mn)
- 10h30-11h : Jean-Henri Madeleine (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « A .C. Sandino : de l’invisibilité à la visibilité, création d’une icône nationale ».
- 11h-11h30 : Maria José Fernández-Vicente (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « La nation invisible. Émigration et question nationale ».
- 11h30-12h : Christine Delfour (Université Paris Est Marne-la-Vallée) : « De l’invisibilité sociale à la visibilité ethnique et politique dans la Bolivie d’Evo Morales ».
Discussion-fin de la troisième séance
URL de référence : http://lisaa.univ-mlv.fr/
Source : http://calenda.revues.org/nouvelle21938.html
Leave a Reply